Activités de développement personnel
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Activités de développement personnel
De manière générale, les activités de développement personnel permettent aux personnes sourdaveugles et sourdes avec handicaps associés de développer leur intelligence, leur identité, leur personnalité ainsi que leurs compétences cognitives et physiques, par le biais d’apprentissages très spécifiques, adaptés à leurs handicaps cumulés. Ces apprentissages se font ensemble avec l’intervenant, en individuel.
Développer la communication par le langage
Les personnes qui les accompagnent en individuel sont des professionnels formés à la surdicécité sur le terrain, dont en France, à Poitiers notamment. Ce handicap de surdicécité est reconnu comme unique et demande de la part des accompagnants une capacité relationnelle et créative particulière qui doit s’exercer en immersion, par le biais d’analyses pointues sur sa pratique, via la vidéo.
La surdicécité requiert des compétences spécialisées et une compréhension approfondie de ses implications sur le développement personnel des personnes qui vivent avec ce handicap unique. Il est essentiel de connaître son impact sur le quotidien et les interactions avec l’environnement. Lorsque les professionnels intègrent le monde de la surdicécité, ils doivent apprendre et expérimenter dans un esprit de recherche, en veillant à mettre à profit leurs ressentis.
Forts de ces enseignements, les professionnels vont pouvoir interagir avec la personne lors d’expériences partagées, en cherchant à créer une relation de qualité, en utilisant une communication tactile ou rapprochée et en s’appuyant sur des supports physiques. Ces expériences partagées permettent à la personne accompagnée de sentir et d’appréhender la matière, y mettre du sens et ainsi mieux percevoir et sentir le monde qui l’environne.
Afin de développer le langage des personnes sourdaveugles, l’intervenant adapte l’information sensorielle aux capacités physiques de la personne dans une interaction de type dialogique.
Ainsi il va favoriser le développement de la communication et y amener du langage symbolique. Un travail de compréhension des interactions sociales est mis en place également.
Des ateliers cliniques sont mis en place afin de créer des conditions d’expériences enrichissantes partagées avec les personnes sourdaveugles les plus gravement handicapées. Grâce à des analyses minutieuses, des protocoles d’accompagnement individualisés sont alors développés permettant à chaque personne de développer son intelligence, d’acquérir plus d’autonomie et d’indépendance.
Ainsi, les personnes accompagnées évoluent, apprennent à s’exprimer et à se faire comprendre, ce qui leur permet de mieux appréhender leur environnement et d’y participer de manière plus sereine.
Le renforcement des acquisitions scolaires
Accompagnées par une personne qui assure des tâches d’enseignement spécialisé, les personnes sourdaveugles et sourdes avec handicaps associés peuvent apprendre ou compléter leurs connaissances scolaires.
En effet, leur parcours scolaire s’est souvent arrêté trop tôt, dans leur enfance, faute de moyens et de ressources humaines adaptés à leur besoin. Une personne privée à la fois de la vue et de l’ouïe de manière partielle ou totale ne peut pas accéder naturellement aux informations sans une aide humaine à ses côtés.
Au sein d’une classe, seul un accompagnement individuel exécuté par un guide-interprète lui permettra d’accéder aux informations nécessaires pour apprendre la matière et interagir avec l’enseignant et les autres élèves.
N’ayant pas eu la possibilité d’avoir ce type d’accompagnement, des cours particuliers sont mis en place pour ceux qui désirent apprendre et ainsi, leur culture générale peut s’enrichir. Des cours de français, de mathématiques et autres, comme l’histoire et la géographie leur sont également proposés selon leurs besoins.
Je suis actuellement en formation pour apprendre à écrire le français pour pouvoir trier le courrier et je suis vraiment impatient.
Virgil
La découverte de la musique
Grâce à la musicothérapie et/ou à des cours de musique, les personnes sourdaveugles et sourdes avec handicaps associés peuvent se ressourcer, se détendre, apprendre à communiquer et surtout apprendre à jouer d’un instrument, à chanter ou participer à un groupe musical.
Découvrir un instrument, le sentir vibrer sous ses doigts et contre son corps est un plaisir immense pour chacun d’entre eux. Un monde émotionnel s’ouvre au gré des découvertes sensorielles.
La musique devient, grâce au toucher et à la sensation, un moyen de briser le mur de solitude qui enferme, un moyen de s’évader, de créer, de s’exprimer, de s’ouvrir au monde et aux autres.
L’espace dédié à la musique est équipé d’un sol vibrant et de parois adaptées au traitement des résonances. Des enceintes performantes permettent d’amplifier les sons. Au mur, différents instruments sont accrochés et sont à disposition : une harpe, des guitares, des percussions…
La personne atteinte de surdicécité perçoit la musique à travers des vibrations. La musique est pour elle, qui vit souvent une situation d’extrême solitude si proche de l’enfermement, une extraordinaire thérapie qui lui donne un nouvel accès au monde qui l’entoure et aux autres. Pour elle, la musique est un moyen de mieux appréhender ses émotions et ses ressentis.
Joël, musicothérapeute
J’aime beaucoup la musique. Avec Joël, par exemple, je fais des percussions, on se regarde, on se comprend, on communique, j’ai l’impression de l’entendre.
Antoine, ayant une surdité profonde
En atelier musique avec Aude, nous sommes un petit groupe de cinq personnes. Nous avons un beau projet : nous produire dans quelques maisons de retraite de la région. C’est sans prétention, juste l’envie de partager avec d’autres personnes à qui la nature pose aussi de sérieuses limites, un moment musical composé de chants et quelques instruments ! Comme quoi on a tous quelque chose à offrir !.
Oswald
La compréhension de l’espace et l’acquisition des déplacements
Ne pouvant se fier ni à la vue ni au son, les personnes sourdaveugles ont de grandes difficultés pour se repérer, s’orienter et se déplacer. Bien que la personne puisse entendre ou voir encore un peu, le fait que les deux sens soient altérés en même temps, rend les déplacements dignes d’un parcours de gymkhana.
De ce fait, il est essentiel qu’elles puissent apprendre à s’orienter et se déplacer ensuite, en toute sécurité dans un endroit donné et, dans le meilleur des cas, dans un espace balisé tactilement. Chaque personne sourdaveugle a des attentes et des besoins bien précis en matière de mobilité. De nombreuses heures d’entraînement sont nécessaires pour qu’elles puissent acquérir la compréhension de leur environnement avec plus d’aisance et de confiance en elles.
Grâce à l’instruction en locomotion adaptée dans la communication, les personnes sourdaveugles apprennent à mieux appréhender l’espace, à gagner en mobilité et en autonomie. Dans la mesure où ces personnes ont de bonnes compétences cognitives et physiques, elles apprennent également à enseigner à leur entourage comment les guider correctement.
L’instruction en locomotion a pour but d’apprendre :
- L’utilisation d’une canne longue ou spécifique à ses difficultés visuelles
- le déplacement sur différents sols.
- les appuis et les équilibres en fonction des terrains et des environnements.
- les techniques de protection.
- l’orientation en utilisant le toucher – pieds et mains – dans l’infrastructure urbaine, au sein d’un lieu de vie ou, habituellement fréquenté comme au travail ou lors d’une activité sportive ou socioculturelle.
- la mémorisation des trajets grâce à des plans ou autres moyens tactiles ou adaptés visuellement.
- la familiarisation aux signaux sonores ou vibrants, aux aménagements urbains comme les carrefours, passages pour piétons, guidages tactilo-visuels ou de signalisation, mains courantes, escaliers, poignées et ouvertures de portes.
- le renforcement de ses capacités de mobilité par des sorties pour prendre le train ou le bus, se rendre dans un magasin ou aller visiter des amis.
Dans un deuxième temps, il s’agit de se familiariser avec la circulation (trafic, signaux sonores des passages piétons) et les aménagements routiers (carrefours, rues) afin d’apprendre et de maîtriser de nouvelles stratégies et de se déplacer en toute sécurité.
L’apprentissage de l’utilisation des transports publics, bus, métro, trains, ainsi que l’orientation dans les magasins et supermarchés est également un volet important de la rééducation en locomotion.
L’instructeur peut se déplacer à domicile pour des apprentissages spécifiques tels que les trajets professionnels ou l’orientation dans un nouvel environnement suite à un déménagement.
Un jour, j’ai entendu parler de la FRSA qui a développé pour les personnes sourdaveugles un accompagnement spécifique unique en Suisse romande.
Maintenant, j’emmène Reynald tous les lundis matin au centre. Dès que nous arrivons, son visage s’éclaire, excité de retrouver ses nouveaux amis et les accompagnants qui l’aident à devenir un adulte plus autonome et plus indépendant.
Il fait déjà beaucoup de choses tout seul et a complètement changé sa manière de vivre. Grâce à l’équipement spécial pour se repérer et se déplacer, il devient de plus en plus indépendant. Il a également commencé à apprendre la langue des signes.
Il est accompagné pour participer à des activités avec les autres. Il va au restaurant et au supermarché, il fait des courses et l’autre jour, ils ont même été au bowling et dans un jeu de balles. J’ai vu des photos dans sa chambre, il a l’air tellement heureux !
La mère de Reynald, aveugle avec des troubles auditifs et autistiques.
La compréhension de son corps
Le corps des personnes sourdaveugles et sourdes avec handicaps associés porte les traces de leur handicap. Elles ont souvent du mal à bien utiliser leurs membres. Elles ressentent un mal-être corporel avec des difficultés sur le plan moteur. De ce fait, des troubles comportementaux, relationnels et émotionnels peuvent apparaître. Aussi, pour qu’elles puissent retrouver un équilibre, prendre davantage conscience de leur corps et mieux s’en servir, Angelina, danseuse, leur propose des exercices corporels adaptés à leurs besoins.
Angelina réapprend à Oswald des mouvements oubliés.
Par des séances individuelles ou en groupe de gym adaptée et d’expression corporelle, Angelina les aide à sentir leurs jambes et leurs bras, à travers différents mouvements, via des pressions exercées sur le corps, des jeux de ballon, des postures variées…
Selon les besoins, il s’agit de créer une détente du corps ou de le mettre en mouvement. Mieux comprendre ses limites et ses possibilités, libérer la mémoire du corps de certaines blessures est vital pour retrouver une bonne santé psychique, physique et mentale.
Avec les personnes concernées, ensemble, nous allons à la découverte du mouvement et explorons les possibilités du corps alors que la vue et l’ouïe font défaut. Le corps dans toutes ses facettes est mis au travail par l’expression théâtrale ou par la danse en individuel ou en groupe. Dès lors qu’il y a confiance et ouverture, la personne progresse spontanément.
Angelina, danseuse
Accompagnement en expression corporelle : l'exemple de Raphaël
Raphaël, 23 ans, est aveugle de naissance, entend, mais ne s’exprime pas verbalement. Avec le temps et le travail, nous avons observé qu’il développe une meilleure compréhension des mots, qu’il démontre par ses réponses corporelles.
Dans le cadre de l’activité de gym adaptée, le travail sur le tonus, la motricité et la mobilité, vise à développer la conscience de Raphaël de son corps et de son espace, afin lui offrir un accès à une plus grande autonomie.
Le travail se concentre sur des actions telles que prendre, donner, tirer, pousser, soulever, poser, tenir, lancer, retenir, aller… ainsi que sur les déplacements. Ces mouvements sont essentiels pour renforcer l’autonomie. De plus, ces actions jouent un rôle clé contre l’isolement lié à la cécité, permettant de développer une communication non verbale et une meilleure affirmation de soi.
Les exercices qu’il effectue sont variés. L’un d’eux consiste à se déplacer sur une surface d’environ 15 cm de large. Pour cela, on utilise les éléments de notre environnement, comme les cadres en bois du jardinet ou les petits murets du parc, en guise de poutre. Au début, on doit lui tenir les deux mains pour assurer sa stabilité et l’aider à avancer en plaçant un pied devant l’autre, tout en lui donnant un ancrage vers son centre de gravité (le bassin). Il réussit alors à faire deux pas, tout en tâtonnant le sol à côté pour se sécuriser.
Désormais, il peut se déplacer sur plusieurs mètres sans poser le pied à côté ! Et nous avons augmenté la hauteur de 15 cm à 50 cm. Il se maintient avec un simple appui léger d’une main. Cet exercice vise à renforcer son centre (bassin/bas-ventre), sa sangle abdominale, ses chevilles, ses muscles profonds, à améliorer son équilibre, et au-delà du renforcement physique, à favoriser son autonomie en lui permettant de se fier davantage à lui-même et en se reposant moins sur l’accompagnant.
Raphaël manifeste de l’enthousiasme dans l’acquisition de son autonomie.
D’autres exercices sont proposés. Par exemple, en raison de sa cécité, Raphaël a tendance à incliner la tête vers son thorax, ce qui peut développer une cyphose. Pour améliorer sa posture et l’aider à se redresser, des exercices sur un ballon d’équilibre lui sont proposés. Ces exercices lui permettent d’aligner sa colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête. Dans la recherche d’équilibre que provoque le ballon, cela va renforcer également une grande partie de la musculature du bas du corps et du tronc.
Pour Raphaël, il est également proposé d’explorer divers types de terrains. Lors des séances, il est encouragé à prendre contact tactilement avec les différentes surfaces qu’il traverse, afin de les identifier et mieux les reconnaître. Cet exercice vise à enrichir sa perception des textures pour renforcer son sentiment de sécurité et sa capacité à mieux appréhender son environnement.
Ce que l’on fait c’est bien, c’est agréable, j’ai toujours beaucoup apprécié. Je participe avec joie, bonheur et plaisir. Ce sont des moments d’exercices de corps, flexibilité, et maintien de la musculature. Tout en se donnant dans l’effort, cela m’apporte du calme, du réconfort. Ça me permet de sentir mon corps, comment il fonctionne… Ce que l’on fait, je le ressens dans le quotidien, dans les autres activités aussi, lorsque l’on va faire de la grimpe par exemple. Il y a des choses que j’avais beaucoup plus de peine à faire avant et suite à mon accident de ski aussi. Nous faisons des présentations aux fêtes de famille. Je suis partant pour d’autres projets comme ça.
Oswald, malvoyant
Lors de mes premières sessions d’expression corporelle avec Oswald, il lui était impossible de se cambrer légèrement en arrière. Ce mouvement, loin d’être anodin, implique une ouverture du plexus, une forme d’abandon, un lâcher-prise. La première fois, il était contrarié par cet exercice. Désormais, il parvient à se relâcher complètement en arrière, se laissant entraîner sur mon dos et en détachant ses pieds du sol. J’ai pu voir Oswald s’ouvrir autant dans le corps que dans sa communication. Le développement de la confiance à travers les interactions physiques a permis de créer un lien solide, facilitant ainsi l’établissement de la confiance sur d’autres plans, notamment dans les relations et la communication avec les collaborateurs.
Angelina, danseuse
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